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 Retour sur la pollution volontaire en Côté d'Ivoire

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Justin
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Justin


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MessageSujet: Retour sur la pollution volontaire en Côté d'Ivoire   Retour sur la pollution volontaire en Côté d'Ivoire EmptyMer 20 Sep - 8:48

Nous n'en avions pas encore parlé dans cette revue de presse, cet excellent article du monde m'en donne l'occasion. Un navire battant pavillon grec souhaite se débarasser de ses eaux de vidange, hautement toxiques. Il essaye un peu partout et finit par aboutir à Abidjan en Côté d'Ivoire. Bilan officiel : 7 morts, des milliers de personnes intoxiquées. Un crime écologique de plus mais les conséquences dramatiques immédiates lui donnent une importance particulière.

Le Monde a retrouvé les chauffeurs de camions-citernes qui ont assuré le transport. Enfin du journalisme d'investigation : éclairant.

Témoignages à Abidjan : "Si on avait su ce qu'on transportait..."
LE MONDE | 18.09.06

Ils protestent de leur innocence mais ce sont les hommes les plus recherchés d'Abidjan. Cachés, angoissé Chauffeurs de camion-citerne professionnels, ils ont accepté, le 19 août, une mission en apparence anodine : transporter du port vers la décharge centrale d'Akouédo une cargaison d'"eau sale" pompée dans les soutes d'un pétrolier grec qui allait accoster.

Mais le travail de routine s'est transformé en cauchemar. Le Probo-Koala transportait des déchets hautement toxiques qui, disséminés dans onze lieux de la ville, ont intoxiqué des milliers d'Abidjanais, en ont tué sept, selon le bilan officiel, et provoqué la démission du gouvernement. Le drame déstabilise un peu plus encore la Côte d'Ivoire, un pays coupé en deux depuis 2002 par une rébellion, dirigé par un président dont le mandat a expiré depuis un an et par un premier ministre désigné par la communauté internationale.

L'odeur d'œuf pourri s'est progressivement dissipée sur Abidjan mais pas celle du scandale. La ville tousse, au sens propre comme au figuré : entre angoisse et révolte, la population se presse dans les hôpitaux, achète des masques de protection, mais elle rumine aussi une hargne féroce contre les politiques de tous bords. Pas un Abidjanais ne doute que tel ministre, tel responsable de société a "mangé" (touché de l'argent) au passage, au mépris de la santé de ses "frères" ivoiriens. Les jeunes, désœuvrés et manipulés, se sont lancés dans des chasses aux camions-citernes, suspectés de transporter de nouvelles cargaisons empoisonnées.

Directement visés, les chauffeurs, eux, se terrent. Ils n'osent pas réapparaître avant "que cette histoire passe". Radios et télévision diffusent en boucle un avis de recherche les invitant à venir témoigner à la police criminelle et contenant les immatriculations de leurs camions. A la crainte d'être immédiatement interpellés et jetés en pâture à une population en quête de coupables, s'ajoute pour eux la perte d'un emploi, si rare en Côte d'Ivoire. Car c'est à l'insu de leur patron, propriétaire des citernes, qu'ils ont transporté les déchets toxiques. Ni vu ni connu, pensaient-ils. Las. L'immense publicité donnée au scandale depuis sa révélation, le 25 août, les a mis au ban de leur profession et de la société.

Pour recueillir leur témoignage, il a fallu s'expliquer avec des intermédiaires, osciller entre des phases d'accord et de brusques rétractations, marcher nuitamment dans le labyrinthe d'un quartier populaire d'Abidjan, promettre de ne demander aucun nom. Mais ils sont finalement là, dans la pénombre. Trois hommes jeunes, enfin décidés à témoigner pour se défendre, par la voix de Daouda Oka (le nom d'emprunt qu'il a choisi), 38 ans, père de famille aux abois.

"C'était un samedi matin, le 19 août, M. Salomon (Salomon Ugborugbo, PDG de Tommy, société ivoirienne chargée de la vidange) avec qui nous travaillions depuis deux ans, nous a annoncé qu'il avait créé une société et nous a demandé de venir l'aider à évacuer de l'eau d'un bateau. Selon lui, c'était des produits qui avaient servi à laver les soutes. J'ai accepté." Le salaire proposé était alléchant : 125 000 F CFA, (187,50 euros), soit pour chaque rotation presque le double du salaire mensuel d'un chauffeur. "Quand le bateau a accosté, vers 13 heures, poursuit Daouda Oka, des gendarmes sont montés à bord, puis les services d'hygiène, en combinaison. Ensuite, on nous a donné l'ordre de commencer à charger. Il y avait au total dix camions. Tout le monde a remarqué l'odeur mais on nous a dit que des chimistes nous attendaient à la décharge pour la détruire. Nous ne les avons jamais vus.Pour le premier voyage, nous avons été escortés jusqu'à la décharge d'Akouédo. Au moment du déchargement, l'odeur était devenue insupportable et j'ai annoncé que j'arrêtais. M. Salomon m'a remis mon argent en billets. Mais les rotations ont continué toute la nuit."

Si le conducteur se sent "indirectement coupable", il estime aussi avoir été piégé. "On n'a pas pensé un instant que le produit n'était pas bon : tout s'est passé en plein jour, sous le contrôle des corps habillés . Cela n'avait rien de clandestin. Si on avait su ce qu'on transportait, jamais on ne l'aurait fait."

Le témoignage des chauffeurs fournit une précision essentielle qui dément les rumeurs sur l'existence d'un plan visant à disséminer les déchets toxiques dans de multiples points d'Abidjan : "Le dimanche matin, la population d'Akouédo, alertée par l'odeur pestilentielle, s'est révoltée et a commencé à bloquer les camions. Les collègues ne savaient plus où aller décharger. Ils ont cherché à joindre la société Tommy, mais le téléphone ne répondait plus. Alors, ça a été le sauve-qui-peut. On ne pouvait pas garder le produit dans les citernes. Alors chacun a cherché à le déverser où il pouvait sans être vu."

Pour masquer la tragique équipée à leur patron, les chauffeurs ont voulu faire nettoyer les cuves. Des hommes ont pénétré à l'intérieur des citernes. Daouda Oka assure qu'aucune victime n'est à déplorer parmi ses collègues, affirmation contredite par d'autres témoignages.

Son camion est resté là où il l'a garé le fameux soir. Il n'en approche pas, supposant qu'il est surveillé. "Je crains la police car nous sommes en Côte d'Ivoire, je crains mon patron car je l'ai mis dans la merde. Je n'ai plus qu'à prier Dieu." Daouda Oka et ses collègues se vivent comme les maillons faibles d'une chaîne qui a conduit un navire grec battant pavillon du Panama à empoisonner des Ivoiriens avec des déchets venus d'Amsterdam."M. Salomon" est en prison. Eux attendent, terrifiés et sans illusion, que la tension retombe.

Philippe Bernard
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MessageSujet: Re: Retour sur la pollution volontaire en Côté d'Ivoire   Retour sur la pollution volontaire en Côté d'Ivoire EmptyMer 20 Sep - 9:40

le plus fou dans l'affaire est qu'il ne s'agit pas d'un polluant particulièrement difficile à traiter... a priori des eaux de rinçage de pétroliers, on en épure des centaines d'hL dans les ports. C'est une autre manière de faire un dégazage sauvage finalement.

Et je relie ce crime écologique à un autre qui a également eu lieu en Afrique il y a qq semaines avec des bidons de chlore qui avaient été "oubliés" dans un coin comme seule approche de dépollution. Après plusieurs mois, l'état a réquisitionné l'armée pour enlever les bidons et les jetter en mer, le problème c'est que le chlore est explosif... résultats des morts et des blessés sur le bateau, puis y a des poissons qu'ont du tirer la gueule affraid
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