La fraude au dernières élections du bureau est désormais avérée. La direction a donc décidé de démissionner. Cela sauvera-t-il un mouvement bien mal en point, et à qui Ségolène Royal fait les yeux doux pour ramasser les restes ?
vendredi 25 aout 2006, 21h31
Attac: la direction démissionne pour permettre de "renouer le dialogue"
La direction de l'association altermondialiste Attac a démissionné vendredi, en marge de son université d'été à Poitiers, en raison de la confirmation de fraudes lors de son élection en juin dernier.
Ce nouvel épisode de la crise qui traverse le mouvement depuis plusieurs mois a éclipsé la venue de Ségolène Royal, qui, invitée en tant que présidente de la région Poitou-Charentes, a fait des yeux doux au mouvement, reprenant notamment à son compte ses thèmes de bataille telle la critique de la mondialisation dans un discours qui a laissé les militants partagés.
Réuni vendredi le conseil d'administration (CA), composé de 30 membres dont 18 désignés par les fondateurs (CGT, FSU, Solidaires...), a contraint la direction, au cours de débats tendus, à "remettre ses mandats". Cette décision fait suite aux conclusions d'un rapport présenté par le président d'honneur du conseil scientifique du mouvement, René Passet, et qui conclut à l'existence de fraudes lors de l'élection de juin.
"Le CA réuni le 25 août 2006, enregistre la prise en compte du rapport Passet", selon la motion finale votée à l'unanimité, au terme d'une réunion de plus de six heures.
Le CA "met en place une commission de conciliation pour constituer lors du CA du 29 août une commission exécutive mixte et paritaire dans le cadre du CA chargée de faire fonctionner l'association jusqu'aux prochaines élections", prévues le 8 décembre.
"Cette commission se substituera au bureau et à la présidence qui a cette occasion remettront leurs mandats à disposition du CA", conclut le document.
Devant la presse, le président démissionnaire, Jacques Nikonoff, a déclaré que cette décision "n'est pas la reconnaissance de telle opinion par rapport à telle autre". Selon lui, "il y a deux thèses contradictoires, dans ces conditions nous avons décidé unanimement de créer une commission pour la manifestation de la vérité".
Il a préféré retenir le vote unanime de la motion, synonyme, selon lui, de "signe extrêmement positif après les tensions de ces derniers mois".
"C'est un grand pas en avant, nous allons pouvoir renouer le dialogue entre nous", s'est-il réjoui.
Pierre Khalfa, l'un des membres du CA et principal opposant de M. Nikonoff, s'est félicité que le CA ait suivi les propositions de l'opposition portant sur la tenue de nouvelles élections.
Il a par ailleurs confié qu'Attac allait déposer une plainte contre X pour fraude électorale "dans les prochains jours".
Jeudi, René Passet avait lancé un appel à la raison, sonnant la fin des hostilités. "Il est temps qu'Attac reparte du bon pied", avait-il enjoint.
Dans son rapport, l'économiste, qui s'est appuyé sur différentes expertises demandées à des personnalités extérieures, confirme les dénonciations de "manipulation" des résultats de l'élection interne de juin à Rennes, relayées par l'opposition, alors que la direction, sans nier des "anomalies", n'a jamais admis les accusations proférées par ses détracteurs.
Outre ce contentieux électoral, la direction et l'opposition se divisent aussi sur l'orientation politique à donner à l'association altermondialiste.
Selon Bernard Cassen, le président d'honneur proche de M.Nikonoff, Attac doit s'émanciper des organisations qui l'ont fondée le 3 juin 1998 et cesser d'être la "greffière" des positions des autres mouvements.
L'opposition, elle, redoute la transformation d'Attac en parti politique traditionnel, estimant que MM. Nikonoff et Cassen survalorisent l'identité de l'association altermondialiste.
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